Staring at the stars
Post interdit aux mineurs, Eva, ne lit pas ça.
Voilà maintenant presque deux heures que je suis allongé sur la moquette chauffée par le soleil d’août à travers la baie vitrée, je me sens bien allongé juste là comme ça, la tête en arrière et une cigarette dans les doigts, j’attends juste d’avoir le courage de l’allumer, ou peut-être l’effet loupe du double vitrage le fera pour moi, qui sait ?
Je me suis dis, tiens, pourquoi pas passer l’été sur ma moquette, ça gratte un peu le dos, mais finalement c’est assez confortable, et fixer le plafond ça permet de réflechir un petit peu aux évenements de ma vie, de ce qui passe et vient, de ce qui se fait et se défait.
En plus, heureusement, j’ai pensé à lancer la musique, et à mettre REPEAT et SHUFFLE sur les vingt cinq giga de mp3, pratique, même si mon humeur change à chaque chanson, mes pensées tournent toujours autour d’elle et de ce qu’elle m’a fait, il y a deux heures.
Ooooh ça aurait pu simplement être une rupture assez commune « ouiii tu vois, nous ça marche plus vraimeeeeeent tu comprends l’attirance, l’affection blablabla j’ai plus envie d’insister blablabla pas ma nature blablabla un jour peut-être », mais elle avait toujours eu cette originalité, cette façon d’ajouter des détails dans la vie qui m’ont fait l’aimer jusqu’à la brûlure d’estomac. Non mais sans rire, quand je la voyais, mon estomac flambait comme une omelette finlandaise, ou suédoise, ou un truc du Nord, mais putain ça brûlait, et ça a brûlé comme ça pendant toutes les années, et à chaque fois qu’elle m’effleurait la peau avec son regard de pas y toucher qui signifiait clairement « ce soir, on mange un McDo ».
J’arrive pas vraiment à savoir en détaillant l’ampoule et le lustre si elle avait préparé sa rupture depuis longtemps, ou si c’était juste une impulsion, comme elle a plutôt l’habitude, finalement … Mais là, c’était vraiment fort, et le shuffle de mp3 passait maintenant du Queen, radio gougouuu, radio gagaaaa, je prends juste le temps d’attraper une canette de cherry coke à proximité, plus très fraîche, mais la boisson toujours autant sirupeuse, et elle se glisse efficacement dans le gosier. Kbwarf … Pfffff j’ai tout craché, c’est moi aussi de boire allongé, ça, tellement plus simple de s’assoir, mais non, je suis allongé sur la moquette, et j’ai envie d’y rester, c’est mon chez moi ici, je repose la canette, y’a pas d’ombre à proximité, et ce putain de soleil ne sert à rien, la cigarette ne s’allume pas.
Bon ok, un petit effort, mais un seul, je me retoure, pour faire face à la baie vitrée, au soleil, et au paysage de Paris l’été.
Je regrette pas ce petit effort finalement, il doit être quoi, vingt heures, vingt et une heure, et la lumière entre droit sur mon visage, elle me réchauffe encore, c’est agréable, et je ferme les yeux, la musique, maintenant, est tranquille, je vais peut-être dormir, après tout, dormir c’est bien ce que je fais de mieux, et si je l’avais pas juste suivie dans ses délires, elle se serait pas trouvé cette drôle de nana qui ressemble à un mec, ou l’inverse, enfin je sais pas trop moi avec les androgyne, le problème, c’est qu’on sait pas si ils sont pédés ou gouines, mais dans tous les cas c’est avec ma chérie qu’ils baisent. Enfin, mon ex-chérie, hein, il faut que je m’y fasse, un monsieur-dame apprends des nouveaux tricks sexuels à mon petit bout, mon ancienne moitié, si fragile et si souriante, maintenant qui sait ce qu’elle est obligée de mettre dans ses orifices .. d’ailleurs qui sait ? putain d’androgynes .. putain de cheveux longs .. putain de tout .. pffff non je veux pas cette chanson, c’est pas adapté à ma haine de la partie indifférenciée de l’humanité … Je me remets sur le dos, pour le coup, j’éspère que le plafond à de nouvelles choses à me réveler depuis que je l’ai quitté.
C’est à ce moment que vous me demandez ce qu’elle a bien pû faire de si original, comment elle a pu me larguer d’une manière si parfaite, que j’en suis collé à la moquette ? Vous pensez à quoi ? Qu’elle m’a pété les deux jambes, et que je peux plus bouger ? Qu’elle m’a laissé avec un enfant caché sur la moquette blanc cassé ? Qu’elle a sorti une répartie tellement foudroyante que je cherche encore son sens ? Non, rien de tout ça, elle est bien plus maline, et plus simple.
C’est moi. C’est moi qui l’ai quittée, c’est moi qui ai baisé l’androgyne, et je me souviens plus si c’était un homme ou une femme, mais peu importe, parce que ma chérie, ma pauvre petite bite m’a trompé, et je l’aimais tellement, elle m’a trahie, elle m’a emporté tellement bas et tellement loin dans la bêtise, c’est moi qui l’ai quittée, et alors que le soleil d’aout se couche, j’aperçois les premières étoiles dans le ciel qui accueilli mon ancienne compagne il y a quelques heures de cela .. et maintenant, j’aimerais assez fermer les yeux et la rejoindre au paradis. Salope. Traîtresse. Je t’aime.